Une convention citoyenne pour le Climat composée de migrants

Une convention citoyenne pour le Climat composée de migrants

Les conventions citoyennes sont entrées dans le paysage de la participation citoyenne en 2019 avec celle sur le climat. A Berlin, une première convention citoyenne composée de migrants s’est tenue en 2024. Une idée étonnante ? Pas tant au regard de l’histoire récente du pays.

Depuis la Convention citoyenne pour le Climat organisée par le CESE et leur développement à l’échelle territoriale, la démocratie délibérative connaît un essor réel, apportant une réponse à la question de la représentativité, sinon de la diversité de la démocratie participative.

Une première assemblée citoyenne en 2022

En Allemagne, Berlin a mené sa première Assemblée citoyenne pour le Climat en 2022, réunissant 100 Berlinoises et Berlinois tirés au sort et représentatifs de la population. Celle-ci a abouti à des recommandations qui ont été remises aux autorités.

Deux ans plus tard, la Ville-Etat, car Berlin est à la fois une ville et un Land, organisait une nouvelle assemblée citoyenne sur le climat, réunissant cette fois une trentaine de nouveaux arrivants. Venus de Syrie, d’Irak, d’Afghanistan, d’Iran, du Maroc ou encore d’Ukraine, ces nouveaux Berlinois se sont à leur tour attelés à cette question : “Comment atteindre la neutralité climatique à Berlin en 2045 ?

Faire participer à des questions plus universelles

Cette question de la neutralité carbone a par conséquent été traitée en arabe, en farsi, en ukrainien, en anglais et bien sûr en allemand pour s’adapter à la diversité du public. Cette assemblée citoyenne s’est également voulue plus modeste par la taille de son public ou encore sa thématique. Quand leurs prédécesseurs étaient 100, ils étaient 30 et leur travail s’est limité à une des causes du réchauffement climatique, les transports. Pour autant, ils ont eu accès aux mêmes sources et aux mêmes experts.

Faire participer les migrants aux questions locales n’est pas une première. Des budgets participatifs sont régulièrement menés en ce sens par exemple, comme le rappelle People Powered, ONG dont nous sommes membres. En France, les Contrats territoriaux d’accueil et d’intégration (CTAI) menés par les collectivités incitent à la participation des migrants. Les bénéfices sont doubles : ces consultations améliorent l’action publique tout en constituant des temps d’intégration.

Il y a dix ans “Wir schaffen das !”

Cependant, là où les dispositifs participatifs consultent les migrants sur l’accès aux droits, à l’éducation, à la santé, au logement ou à la formation et à l’emploi, Berlin a choisi d’associer ces nouveaux arrivants à une thématique universelle, le réchauffement climatique.

Cette démarche inédite s’inscrit dans une politique plus globale. Il y aura 10 ans cette année, Angela Merkel marquait sa volonté de réussir l’intégration des réfugiés syriens par son fameux « Wir schaffen das ! ». Au plus fort de la crise syrienne, l’Allemagne recevait 745.000 demandes d’asile en 2016. Ce volontariste « Nous le ferons » s’est traduit à Berlin par un travail d’intégration et de participation des réfugiés, de grande envergure, qui contribue à la prise en compte des besoins et des perspectives des personnes en exil dans les décisions politiques et administratives.

Des recommandations étonnantes ?

Certes, le processus aura été plus modeste que la Convention citoyenne climat berlinoise de 2022. Malgré cela, il marque une nouvelle étape dans les politiques d’intégration. Et il est loin d’être une simple prolongation de la précédente assemblée citoyenne berlinoise, il a aussi marqué sa différence avec des recommandations complémentaires à celles proposées en 2022 et, également, des désaccords. Ainsi, ses participants ont rejeté certaines des recommandations : journées sans voitures ou encore développement des zones 30 ! Une prise de position étonnante au pays de l’automobile ?

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