La démocratie participative a fait émerger de nouvelles pratiques dans les collectivités. Tous les élus et agents ne sont pas préparés à ses méthodes et tendent à opposer concertation et efficacité.
La participation citoyenne, faire avec les citoyens
La démocratie participative a fait émerger de nouvelles démarches, à l’image des budgets participatifs, et de nouvelles méthodes pour informer et consulter ou concerter sur les projets. Elles vont de la prise en compte de la parole des citoyens à la codécision.
Ces méthodes ou démarches n’ont qu’un objectif : associer les citoyens dans la prise de décision. Ces méthodes et démarches ne changent ni la politique, ni l’expertise technique. Elles répondent à deux principes : une solution sera plus efficace si elle est coconstruite et plus légitime (et mieux acceptée) si elle est concertée. Il s’agit aussi de rapprocher les citoyens de leurs institutions dans un contexte de défiance.
Eviter le « backlash » et les déceptions
La crise de confiance vis-à-vis du politique et l’abstention électorale ont conduit au développement de la démocratie participative, en renfort de la démocratie représentative. De nouveaux outils et dispositifs sont apparus et se sont diffusés.
Toute crise est multifactorielle et la participation est une solution au côté d’autres. Par conséquent, la participation citoyenne peut décevoir : popularité à construire, efficacité à mesurer, solutions débattues… A l’image de la transition écologique, la participation citoyenne bouscule des habitudes ancrées, au point qu’une forme de « backlash » est apparue avec le risque de remettre en question une parole citoyenne pourtant encouragée, voire sollicitée.
Partager des objectifs et comprendre les enjeux
La participation citoyenne doit prendre en compte les besoins des acteurs et l’intérêt général, avec l’ambition de solutions partagées, à la légitimité renforcée. Elle s’appuie sur des outils et des démarches qui ont leurs propres règles et se construisent autour d’actions pour assurer le dialogue, la transparence et informer des décisions. Ces pratiques et ces réflexes ne sont pas naturels pour tous : les élus et les agents peuvent y voir une forme d’ingérence des citoyens.
La comparaison pourra surprendre mais elle est appropriée : dans l’industrie, le toyotisme a conduit à améliorer la qualité de la production en associant ceux qui produisent à cet objectif. Si seul le service qualité avait été mobilisé, il aurait du se battre contre la production. Une collectivité ne peut parvenir à associer correctement et efficacement les citoyens, si cet objectif n’est pas compris et partagé en interne. Pour cela, la formation est une étape essentielle.
Après la participation, l’action ou l’enjeu N°1 de la formation
La démocratie participative ou la participation citoyenne ont fait naître des outils et des dispositifs plus ou moins complexes. Cette ingénierie de la participation est généralement bien conçue. En revanche, ce sont les résultats concrets qui peuvent poser question, dans l’opinion générale.
La Convention citoyenne pour le Climat en est la parfaite illustration. Elle a été un exemple de qualité tant dans sa réflexion que ses propositions. Ces résultats concrets ont en revanche été critiqués, la promesse du « sans filtre » n’ayant pas été respectée. La formation doit permettre non seulement de s’approprier la participation citoyenne dans ses méthodes mais aussi dans ses résultats.
Les restitutions des consultations doivent être partagées en interne, pour faciliter leur appropriation. Au regard du temps passé, ne pas assurer cette phase de capitalisation serait regrettable.
Une étape de plus mais un vrai plus
La formation des élus et des agents à la participation citoyenne est une étape de plus dans la mise en œuvre de démarches qui, déjà, demandent du temps. Dans une période où les notions de rapidité et d’efficacité peuvent être confondues, la formation est considérée comme une étape supplémentaire, une étape de plus.
Pourtant, c’est un vrai plus. Un plus pour comprendre le sens de la participation, faire adhérer aux méthodes et, plus encore, faire adhérer aux résultats que les élus et les agents auront à mettre en œuvre. A défaut, la participation risque de se limiter à une opération d’écoute aux résultats inconnus : de quoi donner raison à ceux qui critiquent la participation citoyenne et dévaloriser celles et ceux qui s’y investissent.