Retour sur la première édition du Budget participatif rennais avec Stéphane Lenfant, chef de projet démocratie locale.
Sur la plate-forme web consacrée à la démocratie locale, Nathalie Apéré affiche un large sourire. La Maire de Rennes semble avoir déjà réussi son pari. Lors de la première phase du Budget participatif, près d’un millier d’idées ont été proposées. Élue en 2014, elle avait annoncé vouloir gouverner autrement, en associant davantage les citoyens. Depuis, une charte est venue renouveler la démocratie locale, une plate-forme web “La Fabrique citoyenne” a été lancée et des États généraux de la culture organisés.
Pour tous les Rennais
La démocratie locale n’est pas nouvelle à Rennes. Stéphane Lenfant en témoigne par son expérience. Depuis 2003, il travaillait sur ce sujet et assurait la direction des quartiers “Centre-ville” depuis 2005. La Ville avait déjà des budgets de proximité, avec les “crédits quartiers”. Les douze Conseils de quartier disposaient ainsi de fonds pour des animations et les six directions dédiées d’un peu d’argent pour de petits investissements.
Pourtant, à en juger par les études, il y avait un décalage entre l’action démocratique et sa perception pour les habitants. “Nous avions besoin d’un outil qui ne soit pas uniquement pour les Conseils de quartier mais pour tous les Rennais.” La communication du Budget participatif a commencé dès la rentrée de septembre, alors que la collecte des idées ne démarrait qu’en novembre.
Amorcer la pompe
Pour cette première édition, “il fallait amorcer la pompe,” explique Stéphane Lenfant. Les acteurs de la démocratie locale ont été mobilisés. “Les élus, les équipes de quartier sont allées sur le terrain informer de la démarche.” Au final de la pompe, c’est un flot d’idées qui a jailli ! Au point de submerger les services ?
“J’ai fait le tour des réunions de direction pour faire la pédagogie du projet.” A l’issue du dépôt des idées, avec ses collègues directs, il a mené avec son équipe un travail d’analyse pour aiguiller les projets vers les directions et mettre de côté ceux hors-cadre, trop chers ou ne correspondant pas à de l’investissement.
Un changement de culture pour les services
Sans réelle surprise, la répartition des projets place les espaces verts puis le vélo en tête des propositions des habitants. “C’est un changement de culture pour les services. Ils doivent réaliser des études pour des projets qui se feront… ou pas.”
La liste des projets soumis au vote des Rennais sera présentée par les porteurs de projet du 26 février au 6 mars, lors de l’Agora citoyenne. Pendant cette période (et même dès le 25 février), les habitants pourront voter. “Ils auront un porte-monnaie électronique et pourront “acheter” pour 3,5 millions d’euros de projets. Le projet arrivé en tête dans chaque quartier sera réalisé ainsi que les projets qui auront le plus de voix jusqu’à 3,5 millions d’euros.” Dès le 14 mars en effet, les élus voteront le budget 2016 et officialiseront les choix des habitants.
Ne pas décourager les porteurs de projet
Dès cette première édition du Budget participatif rennais avec près d’un millier d’idées proposées, une question se faisait jour.
Comment encourager leurs auteurs à participer lors d’une prochaine édition ? Au regard de certaines des propositions, la démarche révélait déjà qu’il y avait de bonnes idées à prendre…