Allumettes expliquant la contagion et le confinement

Covid-19 et citoyenneté : 5 enseignements immédiats

Covid-19 et citoyenneté : 5 enseignements immédiats

La crise sanitaire a des effets immédiats sur la participation citoyenne. Quels enseignements en tirer ?
Allumettes expliquant la contagion et le confinement

La citoyenneté, une protection contre le virus ? Les premiers enseignements tirés de la crise sanitaire sur la participation citoyenne.

La citoyenneté nous protège et protège les autres


Depuis le 16 mars, l’espace public a disparu au profit d’un espace public numérique. Sur les réseaux sociaux, le message des autorités appelant au confinement a été relayé par des appels à rester à la maison ou des appels à la raison.

Une autre image a été très partagée : une chaîne d’allumettes interrompue. Cette métaphore explique les effets du confinement : chaque citoyen est à la fois acteur et bénéficiaire d’un comportement collectif. Faire société trouve là tout son sens : « en protégeant les autres, je me protège ».

Ce civisme se prolongera-t-il à l’avenir et comment ? La crise sanitaire montre qu’un engagement individuel peut avoir un impact sur le collectif. La crise pourrait avoir un effet de cliquet et développer la participation citoyenne.

La crise sanitaire donne du sens à l’engagement


Les initiatives se multiplient sur le terrain en ville et à la campagne pour lutter contre la pandémie, en confectionnant des masques, pour fabriquer des protections avec des imprimantes 3D, pour organiser la solidarité à l’échelle locale ou, simplement, améliorer le quotidien du confinement.

Ces (bonnes) actions surgissent spontanément, des associations, des collectivités, mais aussi du monde économique, des TPE aux grands groupes. La crise donne de la valeur aux savoir-faire, à l’ingéniosité en les réorientant vers ceux qui luttent contre le virus et vers les plus fragiles.

Comment ces compétences seront-elles valorisées après la crise ? Cet horizon collectif déclinera la crise sanitaire passée, mais les collectifs et les modes d’organisation qu’elle fait naître pourront inspirer une participation citoyenne ouverte et créative.

Les services publics sont applaudis chaque soir à 20 heures


Chaque soir à 20 heures, dans les grandes villes, les Français applaudissent “leurs” soignants : un rare moment de communion, pour célébrer des personnels, en première ligne.

Les valeurs du service public : l’égalité de traitement, la recherche de l’intérêt général ou encore la préservation des biens communs, sont ici illustrées quotidiennement par l’hôpital public. Ces valeurs sont partagées par les commerces et services de “première nécessité”, remisant à l’arrière-plan, la distinction par la consommation.

Le Président de la République a annoncé un plan massif d’investissement dans l’hôpital. La crise montre combien les Français sont attachés aux services publics : ce plan annoncé devra être partagé, a minima par leurs personnels. Et au travers d’une consultation nationale ?

La solidarité entre les générations est un enjeu collectif


Les personnes âgées sont les premières victimes du Covid-19. Les statistiques incluent à présent le décompte macabre dans les EHPAD. L’après-crise sanitaire risque de faire apparaître d’autres disparitions, des décès isolés, en silence.

L’enjeu de la solidarité à l’égard de nos aînés n’est pas nouveau. Il va devenir de plus en plus prégnant à mesure que les événements climatiques s’intensifient et alors que la classe d’âge du baby-boom s’achemine vers une plus grande fragilité.

Vingt ans après après la canicule de 2003, les Baby-boomers entrent à leur tour dans l’âge d’une plus grande vulnérabilité. Il s’agit d’un enjeu collectif. Ouvrir la réflexion sur les politiques d’autonomie et de dépendance ferait sens.

La préservation de l’environnement sauve des vies, mais ça n’est pas gagné.


La crise sanitaire a vraisemblablement pour origine le braconnage d’un animal protégé, le pangolin. Ces faits pourraient avoir valeur d’exemple : préserver l’environnement sauve des vies.
La responsabilité est collective : nous vivons sur une planète dont la taille s’est réduite à mesure que s’accéléraient les échanges.

Le paradoxe, c’est que cette crise mondiale pourrait autant profiter aux discours xénophobes. Les fermetures provisoires des frontières et la solution provisoire du confinement pour se protéger des autres pourraient être présentées comme des solutions à faire perdurer au-delà de l’épidémie.

La crise sanitaire rappelle qu’un discours rationnel a autant de chances de l’emporter qu’un autre, irrationnel, s’appuyant sur la remise en question des institutions (anti-système) et sur un fond xénophobe appelant au repli (et qui vantera sans doute bientôt la vie rêvée des Français durant le confinement…)


A retenir | Un engagement concret


Face à la crise sanitaire, chacun a un rôle à jouer dans le collectif. Pour venir à bout de ce péril et au nom de l’intérêt général, les savoir-faire individuels, l’ingéniosité et le collectif sont valorisés.

Demain, si un effet cliquet est bien engagée, la participation citoyenne pourrait changer d’échelle. Aujourd’hui les citoyens, par les gestes barrières, agissent pour se protéger et protéger les autres. Les plus investis participent à l’effort collectif et leurs modalités d’action doivent inspirer les pratiques de participation citoyenne.

Il ne faudra pas non plus oublier de se poser cette question avant tout appel à la participation : “Concrètement, quel sera l’effet de cette participation des citoyens ?” Aujourd’hui, c’est une épreuve bien concrète qui mobilise chacun d’entre nous.