Au lendemain des élections régionales, la recomposition politique fera la “Une”. Un chiffre devrait aussi faire parler de lui, celui de l’abstention. Le Budget participatif, sans être LA solution, peut apporter des réponses, révèle un dossier de recherche du People Powered Hub.
L’abstention au second tour des élections municipales a atteint près 60 en 2020. Aux Régionales, elle pourrait atteindre un nouveau record, en particulier chez les moins de 35 ans. Election après élection, celle-ci creuse toujours plus l’écart entre les élus et les citoyens et affaiblit la légitimité de l’action publique.
L’abstention peut signer un rejet pur et simple du personnel politique, accusé alors de ne représenter d’autres intérêts que ceux des inscrits sur les listes électorales. Elle signifie d’abord que les citoyens ne font pas confiance aux politiques et aux institutions pour répondre aux enjeux de notre temps.
C’est bien sur l’axe du pouvoir d’agir que se positionne le Budget participatif, avec la particularité de partager une partie du pouvoir avec les citoyens. Qu’est-ce que cette démarche participative, sinon un dispositif qui donne aux citoyens la capacité d’agir directement avec leur ville, leur département, leur région, mais aussi de comprendre ce que fait la collectivité ?
Une participation électorale accrue jusqu’à 8%
Dans un dossier de recherche, le réseau international People Powered Hub – dont l’auteur de ces lignes est membre pour la France, le Budget participatif obtient des résultats en matière de participation électorale et, en particulier, au plan local. Des études menées à New York ou en République tchèque indiquent une participation supérieure, jusqu’à 8 points aux Etats-Unis.
Pour Big Apple, le “Participatory budgeting” accroit la participation des moins de 30 ans, des résidents des quartiers à faible revenu et des minorités. Pourquoi ? Car la participation au Budget participatif, à un projet politique, resserre les liens entre les citoyens et vis à vis des institutions – à condition que la démarche ne se limite pas au numérique.
A condition également que la démarche propose un montant suffisamment élevé. Ce “suffisamment” aussi nébuleux soit-il fait écho à d’autres modes d’appel et d’analyse des projets déposés que ceux qui sont aujourd’hui pratiqués dans notre pays. Dans le cas français, il faut savoir faire parler les chiffres et nous nous réjouissons que la moyenne nationale que nous publions chaque année soit ainsi reprise par les villes.
Un retour sur investissement à condition… d’investir
Les modèles de Budget participatif évoqués dans le dossier de recherche du People Powered Hub peuvent aussi être envisagés en France. Il s’agit là de faire davantage participer les citoyens et les acteurs locaux aux instances, comme le font de plus en plus de collectivités, en ouvrant la définition du règlement et la validation des projets soumis au vote aux habitants.
Ailleurs dans le monde, la frontière entre citoyens observateurs et porteurs de projet est nettement moins étanche et le collectif prime pour assurer des projets de qualité et un réel retour sur investissement dans la démocratie participative. Ce retour sur investissement se concrétise par une société civile plus forte, plus engagée dans l’action publique et qui participe davantage aux élections.
Au regard des expériences ratées, voire contre-productives abordées dans le dossier de recherche, un écueil revient régulièrement : le manque d’investissement sur le montant alloué, sur l’ouverture aux habitants – qui passe également par l’appropriation de la démarche en interne, sur la communication en direction des citoyens. Sur un terreau peu favorable, les citoyens peuvent au final se montrer plus défiants encore après la démarche.
Image de couverture : Lorie Shaull – Own work, CC BY-SA 4.0