Elle s’appelle Marlene Engelhorn, cette riche héritière défend une fiscalité juste et révolutionne à sa manière la démocratie délibérative et le budget participatif.
Son nom ne vous dira probablement rien, en revanche la multinationale de la chimie fondée par son arrière-grand-père, oui. Elle s’appelle Marlene Engelhorn, elle est l’héritière de BASF, et son combat pour la justice fiscale l’a amenée à révolutionner la démocratie participative et le budget participatif.
De Sissi à Maria
A 30 ans, Marlene Engelhorn aurait pu devenir une des grandes fortunes du continent, devenue multimillionnaire en héritant de sa grand-mère. Mais au pays de Sissi impératrice, cette jeune Autrichienne a refusé de se plier aux usages pour dénoncer le côté « non démocratique » des « grandes fortunes. » Parce qu’ « [elle n’a] jamais travaillé pour cela », elle a décidé, au contraire, de mener le combat pour rétablir les droits de succession et l’impôt sur la fortune.
Du pouvoir de l’argent à celui des citoyens
Et parce qu’elle est juge que la démocratie est influencée par le pouvoir de l’argent, elle a choisi de s’appuyer sur une convention citoyenne pour décider « d’une grande partie de son héritage », soit 25 millions d’euros, le Good Council (Guter Rat en version originale).
D’aucuns auraient préféré monter une fondation qui leur auraient permis des exonérations d’impôts et sans doute de peser sur la cause de leur choix, Maria Engelhorn s’est entourée d’expert·es à qui elle a confié la création d’une convention citoyenne.
Une convention citoyenne pour décider
50 Autrichien·nes, âgé·es de 16 à 85 ans se sont réuni·es durant six week-ends pour réfléchir et délibérer en toute transparence sur l’usage des 25 millions d’euros mis au pot. La convention citoyenne a finalement réparti les fonds entre 77 associations luttant contre la pauvreté, les violences faites aux femmes, agissant pour le logement, l’intégration ou l’éducation, la préservation de la planète ou bien sûr la justice fiscale.
La nouvelle alchimie du budget participatif ?
Dans notre enquête nationale 2024, nous proposions de faire évoluer le budget participatif vers un modèle plus délibératif. En quoi l’exemple de Maria Engelhorn peut-il inspirer ? Sans parler des grandes fortunes qui nous liront, ce projet est intéressant pour donner davantage d’impact, de réalité aux propositions des conventions citoyennes et jurys délibératifs. Il peut aussi donner un nouvel élan aux budgets participatifs pour travailler les projets et accroître leur pertinence. Marlene Engelhorn est l’héritière d’un géant de la chimie et en la matière « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. »
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